avril 17, 2020
Les personnes travaillant en UX, en design ou en ingénierie connaissent bien les avantages du prototypage. Mais mettons-nous un instant dans les bottes du client: pourquoi voudrait-il faire un prototype de ses produits et expériences numériques avant de se lancer pour de bon dans leur conception ?
Pourquoi prototyper ?
Pour plusieurs raisons ! Premièrement, en créant un prototype, vous vous faites une première idée des fonctionnalités que votre clientèle cible utilisera réellement. La citation « si vous le construisez, alors ils viendront » ne fonctionne tout simplement pas dans le monde du développement de produit numérique. D’où l’intérêt de tester d’abord sur un prototype : vous vous assurez ainsi de concevoir un produit que votre cible utilisera, et qui répond à ses besoins.
Deuxièmement, prototyper vous permet d’économiser. Purement et simplement. Si vous réalisez vos tests et vos itérations sur un prototype, vous économiserez beaucoup d’argent avant même que l’intense (et dispendieuse) étape de conception ne commence.
À quel moment prototyper ?
Les prototypes jouent un rôle décisif dans la concrétisation efficace d’idées parce qu’ils sont une représentation très claire de nos intentions créatives, et qu’ils permettent d’obtenir une rétroaction plus rapide à l’interne et de la part du client. Créer un prototype, c’est embarquer sur un chemin qui part de l’idéation du projet pour atteindre l’expérience utilisateur, en passant par le design et la conception finale.
Le prototypage est particulièrement utile lorsque le produit en question est pensé selon le modèle de Design Thinking. Chez Valtech, notre processus au complet est propulsé par ce modèle qui libère l’innovation et la créativité. Le Design Thinking est composé de trois grandes phases que sont l’Inspiration, l’Idéation et l’Implémentation: le prototypage est utile à chacune de ces étapes.
Lors de la phase d’Inspiration, nous menons des recherches utilisateurs sur le terrain pour compiler des informations issues du monde qui nous entoure. Cela comprend une analyse comparative des produits concurrents ainsi que l’observation d’éléments de notre environnement qui peuvent contribuer à façonner notre vision du produit. À ce stade, la création de prototypes à basse fidélité est généralement un vrai moteur pour notre inspiration. Peut-être qu’il s’agit de quelque chose observé sur le terrain qui nous allume. Un petit rien, une ébauche griffonnée sur un coin de serviette en papier peut stimuler les idées. Et ceci, mes chers amis, c’est bel et bien du prototypage à basse fidélité.
C’est dans la phase d’Idéation que l’on va plus loin. À ce stade, on fait certes beaucoup de dessins, mais on les améliore en les réalisant sur Adobe XD, Sketch et Photoshop. On commence à tester nos prototypes sur InVision, pour essayer différents écrans et animer certains éléments. C’est à ce moment-là que l’utilisateur initial fait son entrée. On aime présenter nos idées à notre public cible le plus tôt possible – en fait, avant de dépenser trop de budget.
Enfin, on continue de prototyper et de tester lors de la phase d’Implémentation. Si l’on en croit notre expérience, presque tous les gros projets « pivotent », ne serait-ce qu’un peu, une fois que l’on reçoit de la rétroaction sur le prototype. La première idée est rarement la meilleure – et seul le prototypage peut vous fournir cette information. Pendant l’Implémentation, les prototypes gagnent en fidélité jusqu’à ressembler de façon quasi-identique au produit final. Cela nécessite bien sûr quelques itérations, mais elles en valent toutes la peine.
Comment prototyper ?
Il n’y a pas de solution clé-en-main ou unique pour réaliser un prototype. Chaque projet est différent et chaque étape de ce projet demande un certain niveau de prototypage. On a parlé plus haut de dessins sur un bout de papier, de Photoshop et d’InVision: ce sont d’excellents exemples de prototypes à basse et moyenne fidélités.
Avant d’embarquer dans du prototypage à plus haute fidélité, je crois qu’il est important de rappeler à quel point les prototypes à basse fidélité sont essentiels à la conception du produit final. Dans l’univers UX, il y a un concept appelé Lean UX, dont les éléments de base sont les croquis, les ateliers avec des tableaux blancs et une idéation légèrement documentée. Cela s’avère bien plus efficace que de s’attaquer tout de suite aux maquettes à haute fidélité ou à l’architecture d’informations, qui impliquent beaucoup de temps de production et deviennent obsolètes à peine terminées. Aussi, si vous ne devez retenir qu’une seule chose de cet article, ce serait celle-ci: que vous montriez un dessin tout moche à des gens ou que vous les mettiez face à un magnifique produit fini, leur rétroaction sera tout aussi riche et pointue. Économisez donc votre argent et montrez-leur un croquis.
Mais je m’écarte du sujet. Les prototypes à haute fidélité sont utiles, eux aussi. Les tests avec InVison permettent en effet de se faire une idée claire de ce que notre public apprécie dans notre produit. On peut alors se lancer dans la conception de certaines fonctionnalités qui, potentiellement, se retrouveront dans le produit final. On peut aussi ajouter à ce stade des outils comme Principle, Framer ou After Effects, qui apportent sophistication, mouvement et interactivité à nos prototypes. Ces outils nous permettent aussi nous amuser un peu: faire bouger des éléments sur l’écran, appuyer sur des boutons, entendre des sons, regarder des vidéos… La cerise sur le sundae, avec ces outils, c’est qu’ils balancent du code qui peut être utilisé une fois que la phase de conception a démarré. En poursuivant les tests sur ces prototypes à haute fidélité, on s’approche à grands pas du résultat que l’on vise. Mais ça ne s’arrête pas là.
Il faut continuer de prototyper les produits même lorsque l’on attaque la phase de conception finale. Rendu là, il ne s’agit techniquement plus d’un prototype. Cependant, à mesure que la conception avance, il est essentiel de poursuivre les tests avec les utilisateurs : il faut les voir briser ce que l’on bâtit, réparer ce qui est brisé, et répéter cela jusqu’à ce que le produit final soit réellement prêt. Notons également que « final » ne signifie pas « parfait ». Si vous attendez d’atteindre la perfection, vous prenez le risque de vous faire doubler par un concurrent juste un tout petit peu moins parfait, et de perdre votre avantage.
Morale de l’histoire ? Prototypez, prototypez, prototypez, et lancez-vous !