2021-03-01
Dans le film Rapport minoritaire, sorti en 2002, on peut voir le personnage interprété par Tom Cruise, debout devant un vaste écran panoramique, enfiler une paire de gants futuristes qui lui permettent de visionner l’enregistrement d’un meurtre qui n’a pas encore eu lieu et d’en contrôler la lecture. Il serait plutôt improbable que nous arrivions un jour à prévoir des crimes et à empêcher qu’ils ne soient perpétrés, mais la technologie de commande gestuelle qu’on utilise dans ce film, qui relevait de la science-fiction il y a tout juste 18 ans, est aujourd’hui bien réelle.
Alors que les effets de la pandémie continuent de se faire ressentir, le monde entier se demande à quoi ressemblera le retour à la normale. Partout, on s’efforce de trouver des solutions sécuritaires qui permettraient au public de réintégrer commerces, musées et autres lieux publics. Deux réponses pratiques à ces questions nous sautent aux yeux : la commande vocale et la commande gestuelle.
Compte tenu des outils technologiques les plus communs utilisés actuellement, plusieurs pourraient croire que l’invention d’un système informatique tel que celui présenté dans Rapport minoritaire ne sera possible que dans plusieurs années. Mais en vérité, nous pouvons créer ces systèmes aujourd’hui. Au lieu de le proclamer et d’espérer que les gens nous croient, nous avons décidé de le prouver.
Plus qu’un simple geste de la main
Les écrans tactiles sont voués à disparaître. Et malgré l’engouement qu’ils ont suscité ces dernières années, tout indique que l’intérêt du public pour les surfaces fréquemment touchées demeurera faible dans un avenir prévisible. En contrepartie, la nécessité de proposer une expérience technologique dynamique et interactive pour maintenir l’intérêt des consommateurs, quant à elle, ne faiblit pas et la création de points de contact non tactiles est un défi que toutes les marques seront tenues de relever.
La création d’un programme qui peut être exécuté sans que personne ne doive toucher un écran est un défi en soi, mais il devient d’autant plus complexe lorsqu’il s’agit de créer un programme qui ne nécessite aucune interaction tactile. Il est toutefois possible d’y arriver en ayant recours à la commande gestuelle, une technologie nécessitant certains outils informatiques auxquels la plupart des entreprises ont déjà accès ou dont ils peuvent se doter moyennant un investissement modique.
La première preuve de concept que nous présenterons montrera comment de simples gestes de la main pourraient permettre de contrôler l’information affichée sur un écran.
Cette preuve de concept vous donne l’occasion de voir comment la caméra arrive à reconnaître des gestes simples comme un pouce levé ou baissé, ou même un V formé par les doigts, pour ensuite les traduire à l’écran en commandes concrètes comme un défilement vers le haut ou vers le bas. Il s’agit d’une configuration simple qui nécessite une caméra et du code d’arrière-plan, et pour cette raison, elle pourrait être rapidement mise en œuvre par la plupart des entreprises dès maintenant.
Éventuellement, la polyvalence de cette technologie pourrait mener à la création d’interfaces qui traduiraient avec précision le langage des signes et permettraient aux personnes malentendantes de communiquer avec des collègues sans devoir recourir à des services d’interprétation. À plus courte échéance, elle pourrait contribuer à l’invention de jeux et d’activités interactives destinés à des parcs d’attractions, ou être utilisée par des plateformes de diffusion en continu pour permettre à leurs utilisateurs de parcourir leurs catalogues musicaux ou cinématographiques depuis leur domicile.
Une utilisation immédiate pourrait toutefois en être faite par les détaillants et autres fournisseurs de services afin d’obtenir, de la part des consommateurs, des commentaires rapides et concis au sujet de leur expérience client. Un pouce vers le haut ou vers le bas à la sortie d’un magasin pourrait vous permettre de connaître le degré de satisfaction de la clientèle et d’obtenir une rétroaction en temps réel. L’ajout d’une interface vocale permettrait l’enregistrement de réponses plus détaillées. Les répondants auraient ainsi la possibilité d’expliquer leur évaluation de vive voix, leurs commentaires étant enregistrés pour un usage interne, le tout sans que personne n’ait à toucher un écran situé dans une aire commune.
Afin de maximiser le potentiel de ce type de technologie, il serait avantageux que le système sache reconnaître des mouvements plus complexes et non seulement de simples signaux de la main. L’intégration de commandes gestuelles de glissement à ce type d’interface constituerait la solution la plus efficace. Grâce à ces fonctions additionnelles, les clients pourraient effectuer des gestes de glissement vers l’avant, l'arrière, la gauche ou la droite et ainsi contrôler l’information visible sur un écran, pour ensuite effectuer leurs sélections en levant le pouce, par exemple.
Imaginons un voyageur dans un aéroport qui souhaite commander un repas, mais qui ne veut pas violer les règles de distanciation physique mises en place pour assurer la protection de toutes les personnes dans l'aéroport. Devant un kiosque, il pourrait utiliser des commandes gestuelles pour consulter, sur un écran, les menus des restaurants se trouvant dans à proximité. Les mouvements verticaux feraient défiler le menu d’un restaurant, tandis que les mouvements horizontaux permettraient de faire défiler les restaurants disponibles. Un pouce levé permettrait au voyageur de sélectionner un article et de l’ajouter à son panier d’achats. Puis, au moyen d’un code QR ou d’une application liée à l’aéroport que le voyageur aurait préalablement téléchargée sur son téléphone intelligent, il pourrait confirmer son achat, effectuer le paiement et demander à ce que sa commande soit transmise au restaurant de son choix. Une fois le repas prêt, un serveur pourrait l’apporter à l’endroit où il est assis, ou on pourrait lui indiquer de le ramasser à un point de cueillette sans contact à proximité.
Donner le pouvoir au consommateur
Il arrive fréquemment que des réticences soient exprimées à l’égard de l’installation de tels systèmes dans des lieux publics par crainte que les usagers potentiels refusent de les utiliser pour ne pas sembler ridicules. Pour contourner facilement le problème, l’idée est de déployer d’abord ces nouvelles technologies dans des jeux, car les gens sont plus susceptibles de faire des choses qui peuvent sembler un peu ridicules en public au nom du plaisir ou dans le but de gagner. Une autre option, cependant, consiste à s’éloigner des commandes gestuelles et à donner aux gens la capacité de contrôler les écrans publics à l’aide de leur téléphone intelligent.
En transformant le téléphone d’un utilisateur en télécommande universelle, on réussit tout de même à éliminer le besoin d’écrans tactiles à haute fréquence d’utilisation. Des codes QR seraient utilisés pour éviter que les utilisateurs soient tenus de télécharger une application supplémentaire sur leur téléphone et de consentir au partage de leurs données. En offrant dès le départ une expérience sans contact en ligne, votre public cible aura davantage envie de l’utiliser.
Cette preuve de concept fait appel à un concept simple qui pourrait être utilisé par des musées et des centres de sciences naturelles afin de transmettre des informations détaillées sans avoir à se doter d’un nouveau point de contact. Les utilisateurs se trouvant devant un objet exposé n’auraient qu’à numériser un code QR pour modifier le contenu affiché à l’écran ou interagir avec lui. Ceux qui souhaitent interagir avec la présentation pourraient le faire en utilisant leur téléphone, éliminant au passage toutes les préoccupations de nature sanitaire.
Nous sommes d’avis qu’une expérience idéale serait issue de la combinaison, au sein de la même interface, de commandes gestuelles et de manipulations à distance au moyen d’un téléphone intelligent. Cette solution hybride plairait au plus grand nombre d’utilisateurs tout en atteignant les mêmes objectifs d’hygiène et de distanciation physique.
Certes, toutes les preuves de concept présentées comporteront leur lot de difficultés d’utilisation ou d'accessibilité, mais il n’en demeure pas moins que l’avenir appartient indéniablement aux technologies sans contact. Difficile de dire à quel point l'audience est prête pour un changement aussi important tant que la technologie n’est pas entre leurs mains, mais la bonne nouvelle, c’est que chacune de ces preuves de concept est relativement facile et peu coûteuse à mettre en œuvre. Maintenant, plus que jamais, il devient possible d’innover pour créer un avenir plus sûr tout en offrant aux utilisateurs l’expérience technologique qu’ils méritent, à condition d’être prêt à passer à l’action.